Ces capacités attentionnelles sont effectivement à la base de notre efficacité mentale comme de notre bien-être. Et ce d’autant plus que nos modes de vie contemporains tendent à les affaiblir et à les appauvrir : nous évoluons de plus en plus dans des environnements « psychotoxiques », qui fragmentent notre attention en lui imposant de nombreuses interruptions (cela va des publicités radio ou télé aux flots continus d’e-mails ou SMS), en lui proposant des sollicitations mobilisantes et accrocheuses (on a ainsi montré l’augmentation vertigineuse, au cinéma comme à la télévision, du nombre de plans à la minute). Le problème, c’est que notre mental tend déjà vers ça, vers la distraction et la dispersion. Notre esprit est attiré par le bruyant et le facile, comme notre goût est attiré par le sucré ou le salé. Ce type d’environnements (et notre absence d’effort pour les contrebalancer) fait que notre attention a alors tendance à toujours fonctionner sur un registre attentionnel serré et étroit. Elle prend l’habitude de rester focalisée et de ne faire que sauter d’un objet à l’autre : d’un souci à un autre, d’une distraction à une autre, etc. On soupçonne aujourd’hui ce fonctionnement de l’attention, trop souvent basé sur un mode étroit et analytique, d’être à la base des ruminations qui alimentent les états anxieux et dépressifs. D’où l’intérêt, plus que jamais, d’un travail sur les capacités attentionnelles, pour les protéger ou les restaurer. La pratique de la méditation peut, de ce point de vue, être considérée comme une forme d’entraînement attentionnel. Pour que plus jamais ne nous soit dérobée notre conscience …
(Christophe ANDRÉ, « Méditer, jour après jour », Éd. L’iconoclaste, 2011, p.94-97)
Moine, Angkor (Cambodge) |
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