Lorsque nous nous entraînons à prendre la conscience elle-même comme objet d'investigation à la première personne, nous devons d'abord stabiliser l'esprit. L'expérience consistant à fixer son attention simplement sur le moment présent est une pratique très utile. Cette pratique est axée sur un entraînement soutenu destiné à cultiver la capacite de maintenir l'esprit fixé sans distraction sur l’experience immédiate, subjective de la conscience. Voici comment on procède.
Avant de débuter une méditation assise à proprement parler, on développe l'intention délibérée de ne pas laisser l'esprit se distraire soit par les souvenirs d'une expérience passée ou par des espoirs, des anticipations et des peurs concernant des événements futurs. Pour ce faire, on s'engage silencieusement à ce que, durant la méditation, l'esprit ne soit pas séduit par des pensées relatives au passé ou au futur et qu'il demeure complètement concentré sur la conscience du présent. Cela est essentiel parce que, dans notre vie quotidienne, nous avons tendance à être liés soit à des souvenirs et à des vestiges du passé, soit à des espoirs et à des peurs concernant le futur. Nous avons tendance à vivre soit dans le passé, soit dans le futur et très rarement complètement dans le présent. Lorsqu'on aborde la séance de méditation à proprement parler, il peut être utile de faire face à un mur qui ne présente pas de couleurs ni de motifs contrastés pouvant distraire l'attention. Une couleur neutre – crème ou beige par exemple – peut convenir, car elle aide à créer un environnement sobre. Lorsqu'on a effectivement entamé la séance, il est essentiel de ne pas faire d'efforts. Il est préférable de simplement observer l'esprit naturellement installé dans son propre état.
Quand on s'assied, on remarque que toutes sortes de pensées surgissent dans l'esprit, comparables à la source bouillonnante d'un interminable bavardage intérieur ou au brouhaha d'une circulation incessante. Il faut laisser toutes les pensées qui surgissent le faire librement, qu'on les perçoive comme saines ou malsaines. Ne les renforcez pas, ne les réprimez pas, ne les soumettez pas à un jugement évaluatif. Toutes ces réactions créeront encore plus de prolifération de pensées, car elles alimenteront une réaction en chaîne. On doit simplement les observer. Quand on le fait, tout comme les bulles montent et se dissolvent dans l'eau, les processus de pensée discursive surgissent et se dissolvent dans l'esprit.
Graduellement, au milieu d'un bavardage intérieur, on commencera à entrevoir ce qui ressemble à une simple absence, un état d'esprit sans contenu spécifique ni déterminable. Au début, ces états peuvent n'être que des expériences passagères. Néanmoins, au fur et à mesure que l'on acquiert plus d'expérience dans cette pratique, on sera capable de prolonger les intervalles survenant au milieu de la prolifération normale de ses pensées. Obtenir cet état permet véritablement de comprendre par l'expérience ce que la définition bouddhique de la conscience décrit comme « lumineux et connaissant ». Ainsi, un méditant sera graduellement capable de « saisir » l'expérience fondamentale de la conscience et de la prendre comme objet d'investigation méditative.
La conscience est un objet très insaisissable et, dans ce sens, elle est tout à fait différente de ce que peut être la concentration sur un objet matériel, tels des processus biochimiques. Et, pourtant, sa nature insaisissable eut être comparée à celle de certains objets de la physique et de la biologie, comme les particules subatomiques ou les gènes. Maintenant que les méthodes et protocoles servant à leur investigation sont complètement mis en place, ces choses semblent familières et même relativement incontestables. Toutes ces études sont fondées sur l'observation, dans le sens où — indépendamment des opinions philosophiques que les scientifiques peuvent avoir au sujet de toute expérience —, en dernière analyse, c'est l'observation empirique fondée sur la preuve et la découverte des phénomènes qui doit déterminer ce qui est vrai. De même, quelles que soient nos opinions philosophiques sur la nature de la conscience, qu'elle soit au bout du compte matérielle ou non, grâce à une méthode rigoureuse à la première personne, nous pouvons apprendre à observer les phénomènes, y compris leurs caractéristiques et leur dynamique causale.
(Dalaï-lama, « Tout l’univers dans un atome, Science et bouddhisme, une invitation au dialogue », Robert Laffont, 2006, p. 183-186 ; Pocket n°13 348, 2009, p.164-166)
Avant de débuter une méditation assise à proprement parler, on développe l'intention délibérée de ne pas laisser l'esprit se distraire soit par les souvenirs d'une expérience passée ou par des espoirs, des anticipations et des peurs concernant des événements futurs. Pour ce faire, on s'engage silencieusement à ce que, durant la méditation, l'esprit ne soit pas séduit par des pensées relatives au passé ou au futur et qu'il demeure complètement concentré sur la conscience du présent. Cela est essentiel parce que, dans notre vie quotidienne, nous avons tendance à être liés soit à des souvenirs et à des vestiges du passé, soit à des espoirs et à des peurs concernant le futur. Nous avons tendance à vivre soit dans le passé, soit dans le futur et très rarement complètement dans le présent. Lorsqu'on aborde la séance de méditation à proprement parler, il peut être utile de faire face à un mur qui ne présente pas de couleurs ni de motifs contrastés pouvant distraire l'attention. Une couleur neutre – crème ou beige par exemple – peut convenir, car elle aide à créer un environnement sobre. Lorsqu'on a effectivement entamé la séance, il est essentiel de ne pas faire d'efforts. Il est préférable de simplement observer l'esprit naturellement installé dans son propre état.
Quand on s'assied, on remarque que toutes sortes de pensées surgissent dans l'esprit, comparables à la source bouillonnante d'un interminable bavardage intérieur ou au brouhaha d'une circulation incessante. Il faut laisser toutes les pensées qui surgissent le faire librement, qu'on les perçoive comme saines ou malsaines. Ne les renforcez pas, ne les réprimez pas, ne les soumettez pas à un jugement évaluatif. Toutes ces réactions créeront encore plus de prolifération de pensées, car elles alimenteront une réaction en chaîne. On doit simplement les observer. Quand on le fait, tout comme les bulles montent et se dissolvent dans l'eau, les processus de pensée discursive surgissent et se dissolvent dans l'esprit.
Graduellement, au milieu d'un bavardage intérieur, on commencera à entrevoir ce qui ressemble à une simple absence, un état d'esprit sans contenu spécifique ni déterminable. Au début, ces états peuvent n'être que des expériences passagères. Néanmoins, au fur et à mesure que l'on acquiert plus d'expérience dans cette pratique, on sera capable de prolonger les intervalles survenant au milieu de la prolifération normale de ses pensées. Obtenir cet état permet véritablement de comprendre par l'expérience ce que la définition bouddhique de la conscience décrit comme « lumineux et connaissant ». Ainsi, un méditant sera graduellement capable de « saisir » l'expérience fondamentale de la conscience et de la prendre comme objet d'investigation méditative.
La conscience est un objet très insaisissable et, dans ce sens, elle est tout à fait différente de ce que peut être la concentration sur un objet matériel, tels des processus biochimiques. Et, pourtant, sa nature insaisissable eut être comparée à celle de certains objets de la physique et de la biologie, comme les particules subatomiques ou les gènes. Maintenant que les méthodes et protocoles servant à leur investigation sont complètement mis en place, ces choses semblent familières et même relativement incontestables. Toutes ces études sont fondées sur l'observation, dans le sens où — indépendamment des opinions philosophiques que les scientifiques peuvent avoir au sujet de toute expérience —, en dernière analyse, c'est l'observation empirique fondée sur la preuve et la découverte des phénomènes qui doit déterminer ce qui est vrai. De même, quelles que soient nos opinions philosophiques sur la nature de la conscience, qu'elle soit au bout du compte matérielle ou non, grâce à une méthode rigoureuse à la première personne, nous pouvons apprendre à observer les phénomènes, y compris leurs caractéristiques et leur dynamique causale.
(Dalaï-lama, « Tout l’univers dans un atome, Science et bouddhisme, une invitation au dialogue », Robert Laffont, 2006, p. 183-186 ; Pocket n°13 348, 2009, p.164-166)
Tessaout, Atlas (Maroc) |
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