De nos jours, avec toutes les pressions sociales et la vie « à
grande vitesse » de l’ère de l'Internet, nous mangeons souvent en mode de « pilotage
automatique ». Nous ne prêtons pas attention à la quantité de nourriture servie
ou que nous avons mangée, à la saveur des aliments. Nous ne nous demandons même
pas si nous avons réellement faim. Au lieu de cela, la quantité que nous
mangeons est souvent dictée par des causes externes – la taille du bol, la
taille de l’assiette, la taille de la portion de l’aliment lui-même. Étant
donné la tendance au surdimensionnement observée depuis plus de vingt ans, il
est facile d’être victime du « surdimensionnement des portions » et
de perdre de vue quelle quantité de nourriture est effectivement appropriée.
Récemment, des chercheurs ont entrepris des études scientifiques pour évaluer
comment le fait de manger sans y penser affecte notre consommation alimentaire.
Ils ont observé que manger en mode « pilotage automatique » peut
facilement mener à manger avec excès. Dans une expérience classique, des spectateurs
d’une salle de cinéma ont reçu du popcorn soit frais soit ramolli dans des
récipients de différentes tailles. Les mordus de cinéma qui ont reçu le popcorn
ramolli ont trouvé le goût « désagréable ». Pourtant quand on leur a
servi ce popcorn dans un grand récipient, ils ont mangé 61 % de plus
qu'ils n’en ont mangé quand il leur a été servi dans un petit récipient tandis
qu'ils regardaient le film. De plus, ils sous-estimaient la quantité de popcorn
qu'ils avaient mangé. Dans une autre expérience, des étudiants de troisième cycle, qui
assistaient à une partie de Super Bowl, qui piochaient dans de grands bols, ont
mangé 56 % de plus que les étudiants qui avaient des bols plus petits.
Plus la portion de nourriture est importante, moins nous pouvons estimer
combien de calories nous absorbons.
Les raisons pour lesquelles nous mangeons en « pilotage
automatique » vont au-delà de la taille d'une assiette ou d’une portion. Tout
notre environnement encourage le fait de manger sans y penser, des annonces à
la TV aux « menus à un dollar » proposés par les fast-foods, en passant par la mise
en évidence des nourritures malsaines sur les étagères de supermarché. Toutes
ces causes combinées peuvent rendre très, très difficile de savoir ce dont
notre corps a vraiment besoin. Mangez-vous sur le pouce, dans votre voiture, ou
à votre bureau ? Devez-vous souvent diner à l’extérieur de chez vous parce
que vous n'avez pas eu le temps de faire la cuisine ? Et vous
surprenez-vous à faire des choix imprudents de nourriture en mangeant hors de
chez vous ?
Le pratique de la pleine conscience peut nous aider à éviter
les facteurs externes qui nous piègent, et de manger sans y penser. Elle nous
aide également à nous concentrer sur les pratiques qui nous maintiennent en
bonne santé.
Le mode « pilotage automatique » est l'opposé de
la pleine conscience. Manger n'est pas la seule activité que nous faisons sans
y penser, et nous sommes amenés au « pilotage automatique » par d’autres
facteurs que la simple dimension d’un bol ou d'une assiette. Pendant que nous
buvons une tasse de thé, nous nous concentrons davantage sur les soucis et les
inquiétudes de la journée, au lieu d'être simplement dans l’instant présent en train
d'apprécier le thé. Nous nous asseyons avec quelqu'un que nous aimons, et
plutôt que de porter notre attention sur la personne ainsi qu'au moment que nous
passons avec elle, nous sommes distraits par d'autres pensées. Nous marchons
mais nous sommes davantage occupés à passer en revue les sujets de discussion pour
notre prochain rendez-vous qu’à apprécier le moment de sérénité qui s’offre à
nous alors que nous marchons. Nous sommes souvent ailleurs, pensant au passé ou
au futur plutôt qu’à l’instant présent. Le « cheval au galop » de notre « énergie
d'habitude » nous mène, et nous sommes son captif. Nous devons arrêter
notre monture et reprendre notre liberté. Nous devons illuminer de la lumière de
la pleine conscience tout que nous mangeons et faisons, afin de dissiper l'obscurité
du « plein oubli de la conscience ».
(Thich Nhat Hanh and Dr Lilian Cheung, « Mindful eating, mindful life », Hay House 2010, p.25-26 ; « Savourez, Mangez et vivez en pleine conscience », Éditions Tredaniel, 2011)
Texte original en anglais :
Do You Eat Mindlessly ?
Nowadays, with all the societal pressures and the « high
speed » living of our Internet age, much of our eating happens on
autopilot. We do not pay attention to how much food is served or how much we
have eaten, how tasty the food is or whether we’re even hungry at all. Instead,
how much we eat is often driven by external cues – the size of the bowl,
the size of the plate, the portion size of the food itself. Given the
supersizing trends over the past twenty years, it is easy to fall victim to « portion
distortion » and to lose sight of how much food is an appropriate amount
to eat. Recently, researchers have conducted scientific studies looking at how
mindless eating affects our food consumption. What they found is that mindless
eating can easily lead to overeating. In a classic experiment, people at a
movie theater were served fresh or stale pop corn in different-size containers.
Moviegoers who were given stale popcorn said the taste was « unfavorable ».
Yet when they were served stale popcorn in a large container, they ate 61
percent more popcorn than they did when it was served in a small container
while they were watching the movie and they underestimated the amount of
popcorn they ate. In another experiment, graduate students at a Super Bowl
party who served themselves from large bowls ate 56 percent more snack food
than students who served themselves from smaller bowls. The larger the portion
size, the less able we are to estimate how many calories we are eating.
The cues for mindless eating reach beyond the size of a
plate or the size of a portion. Our whole surroundings support mindless eating,
from the ads on TV to fast-food « dollar menus » to favorable
placement of unhealthy foods on supermarket shelves. All these cues combined can
make it very, very difficult to find what it is our bodies truly need. Are you
often eating on the run, in the car, or at your desk ? Do you have to dine
out often because you have not had time to cook ? And do you find l
yourself making unwise food choices when eating out ?
Praeticing mindfulness can help us avoid the external cues
that trap us, avoid mindless eating, and focus in on the practices that keep us
healthy.
Mindlessness is the opposite of mindfulness. Eating is not
the only activity that we do mindlessly, and we are driven to mindlessness by
more than just the size of a bowl or plate. We drink a cup of tea and focus
more on the worries and anxieties of the day than on living the moment of
enjoying the tea. We sit with someone we love, and rather than focus on the
person and this moment we have with them, we’re distracted by other thoughts.
We walk but are more focused on reviewing the talking points for our next
appointment than on the serene moment we’re having as we walk. We are usually
someplace else, thinking about the past or the future rather than the now. The
horse of our habit energy is carrying us along, and we are its captive. We need
to stop our horse and reclaim our freedom. We need to shine the light of
mindfulness on everything we eat and do, so the darkness of forgetfulness will
disappear. » (p.25-26)
Petite fleur de printemps, Bretagne (France) |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire