Livré à soi-même, l’esprit est comparable à un oiseau frétillant qui volette de branche en branche, ou plonge d’un arbre jusqu’à terre pour se renvoler dans un autre arbre. Dans cette image, les branches, le sol et l’autre arbre représentent les exigences de nos cinq sens, de même que nos pensées et nos émotions. Toutes ces choses ont l’air très intéressant et sont puissamment attirantes. Et comme il est toujours en train de se passer quelque chose en nous et autour de nous, le pauvre oiseau frétillant a beaucoup de mal à se poser. Il n’est pas étonnant que je rencontre beaucoup de personnes qui se plaignent d’être stressées la plupart du temps ! Cette espèce de volettement perpétuel avec nos sens surchargés et nos pensées, comme nos émotions, qui exigent d’être reconnues, voilà ce qui nous empêche de rester détendus et concentrés. ...
(Yongey Mingyour Rinpotché, « Bonheur de la sagesse », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°32 372, 2011, p. 182)
Cinquième pas : l’attention aux pensées
Le travail sur l’activité des perceptions sensorielles est en quelque sorte une préparation au travail sur l’oiseau frétillant lui-même – la multitude des idées, des jugements et des concepts qui le poussent à sauter de branche en branche. Les pensées sont un peu plus insaisissables que les fleurs, les sons ou les sensations physiques. De prime abord, elles se précipitent comme l’eau qui dévale un escarpement. On ne peut pas vraiment les voir. Mais en y faisant attention, comme on prête attention aux sons ou aux objets visuels, on peut prendre conscience de leur passage. Ce faisant, on peut prendre conscience de l’esprit par lequel toutes ces pensées apparaissent et disparaissent. « La pensée, disait mon père, est l’activité naturelle de l’esprit, l’expression de son pouvoir de tout produire. »
On ne fait pas attention à ses pensées dans le but de les arrêter, mais seulement de les observer. De même que prendre son temps pour regarder une rose ou écouter un bruit, prendre le temps d’observer ses pensées ne signifie pas les analyser. Ici, l’accent porte plutôt sur l’acte d’observer, lequel a naturellement le pouvoir de calmer l’esprit qui observe et de le stabiliser. On peut utiliser ses pensées plutôt qu’être utilisé par elles. S’il y a cent pensées qui vous traversent l’esprit au cours d’une minute, vous avez cent supports de méditation. Si l’oiseau frétillant saute de branche en branche, c’est formidable. Il suffit de regarder l’oiseau voleter en tous sens. Chaque sautillement, chaque envol est un support de méditation.
Il n’est pas nécessaire de s’attacher à la conscience d’une pensée ni de se concentrer dessus assez d’intensité pour la faire partir. Les pensées vont et viennent, ainsi qu’un vieil adage bouddhiste le soutient, « comme des flocons de neige qui tombent sur une pierre chaude ». Quel que soit ce qui vous traverse l’esprit, regardez-le aller et venir, avec légèreté et sans attachement, de la même manière que vous vous exerciez doucement à poser votre attention sur les formes, les sons et les sensations physiques.
(Yongey Mingyour Rinpotché, « Bonheur de la sagesse », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°32 372, 2011, p. 202-203)
Maroc, Tessaout (Chaîne de l'Atlas) |
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