Le contexte a un impact énorme sur notre mémoire. Il y a quelques années, des psychologues ont découvert que des plongeurs qui avaient mémorisé une liste de mots sur une plage avaient tendance à les oublier lorsqu'ils étaient sous l'eau, mais qu'ils s'en souvenaient une fois de retour sur la terre ferme. Bien entendu, cela marchait aussi dans l'autre sens. Des mots mémorisés dans l'eau étaient plus vite oubliés sur la plage. L'eau et la plage étaient des contextes à l'impact puissant sur le fonctionnement de la mémoire.
Vous pouvez observer le même processus dans votre propre esprit. Êtes-vous déjà retourné sur un lieu de vacances régulier de votre enfance ? Avant votre visite, vous n'en aviez sans doute gardé que des souvenirs flous. Mais, une fois sur place, en arpentant les rues, en enregistrant les images, les sons, les odeurs, les souvenirs ont afflué. Peut-être avez-vous été surpris par des bouffées d'excitation ou de nostalgie, ou même par un sentiment amoureux surgi du passé ? C'est parce que la remise en contexte a permis à votre esprit de faire remonter une foule de souvenirs associés. Et les lieux ne sont pas les seuls éléments déclencheurs de souvenirs. Le monde en est rempli. Une chanson n'a-t-elle jamais fait jaillir en vous une cascade de souvenirs chargés d'émotions ? Ou un parfum de fleurs, ou l'odeur du pain fraîchement sorti du four ?
Notre humeur agit comme un contexte interne, avec autant de force qu'un pèlerinage sur un ancien lieu de vacances ou le refrain d'une chanson favorite. Un éclair de tristesse, de frustration ou d'inquiétude peut faire ressurgir malgré vous des souvenirs perturbants. Bientôt, vous voilà perdu dans des pensées sombres et des émotions négatives. Et, le plus souvent, vous ne savez même pas dire d'où elles viennent ; elles semblent avoir surgi de nulle part. Vous pouvez soudain vous sentir de mauvaise humeur ou irrité sans savoir pourquoi. Et vous restez là à vous demander : « Pourquoi suis-je de mauvaise humeur ? », « Pourquoi suis-je triste et à plat aujourd'hui ? »
Vous ne pouvez rien faire contre le déclenchement de souvenirs pénibles, de reproches personnels ou de jugements critiques, mais vous pouvez arrêter ce qui vient après. Vous pouvez empêcher la spirale de s'autoalimenter et de vous lancer dans un nouveau cycle de pensées négatives. Vous pouvez bloquer la cascade d'émotions destructrices qui risque, au final, de vous rendre malheureux, inquiet, stressé, irritable ou épuisé.
La méditation en pleine conscience vous apprend à reconnaître les souvenirs et les pensées néfastes au moment où ils surgissent. Elle vous rappelle que ce ne sont que des souvenirs. Ils n'ont pas plus de réalité qu'un slogan publicitaire. Ils ne sont pas vous. Vous pouvez apprendre à observer les pensées négatives lorsqu'elles apparaissent, les laisser s'installer temporairement, puis les regarder simplement s'évaporer devant vos yeux. Et, quand cela arrive, il se produit un phénomène extraordinaire : un sentiment profond de bonheur et de paix remplit le vide.
La méditation en pleine conscience atteint ce résultat en exploitant une voie par laquelle notre esprit peut se connecter au monde autrement. La majorité d'entre nous ne connaissent que le côté analytique de l'esprit : les processus de pensée, de jugement, de planification et de remémoration, qui accompagnent la recherche de solutions. Or l'esprit est aussi conscience. Nous ne nous contentons pas de penser à quelque chose, nous sommes aussi conscients du fait que nous pensons. Et nous n'avons pas besoin de passer par le langage pour nous relier au monde. Nous pouvons aussi l'expérimenter directement par le biais de nos sens. Nous pouvons percevoir directement le chant des oiseaux, le parfum des fleurs et le sourire de quelqu'un qu'on aime. Et nous savons avec le cœur autant qu'avec la tête. Penser n'est pas la seule composante de l'expérience consciente. L'esprit est plus grand et plus ouvert que la seule pensée.
La méditation crée une plus grande clarté mentale, et permet de considérer les choses avec une conscience plus pure et plus ouverte. C'est un lieu, ou un point de vue – depuis lequel on peut observer ses propres pensées et sentiments à mesure qu'ils surgissent, qui nous libère de ce réflexe qui nous pousse à réagir aux choses dès qu'elles apparaissent. Notre moi profond – la partie de nous qui est foncièrement heureuse et en paix – n'est plus anéanti par l'agitation bruyante d'un esprit occupé à traiter les problèmes.
La méditation en pleine conscience nous encourage à faire preuve de plus de patience et de compassion avec nous-même, et à cultiver l'ouverture d'esprit et une douce persévérance. Ces qualités nous aident à nous libérer de la force d'attraction exercée par l'inquiétude, le stress et le malheur, en nous rappelant ce que la science a démontré : qu'on peut tout à fait cesser d'aborder la tristesse qu'on éprouve ou autres difficultés comme des problèmes à résoudre. Nous n'avons aucune raison de nous en vouloir lorsque nous « échouons » à les régler. C'est même sans doute un moindre mal, sachant que nos méthodes habituelles ont plutôt tendance à aggraver les choses.
La méditation ne nie pas la tendance spontanée de notre cerveau à résoudre les problèmes. Elle nous donne simplement le temps et l'espace nécessaires pour choisir le meilleur moyen de le faire. Certains problèmes sont plus faciles à résoudre d'une manière émotionnelle ; on choisit la solution qu'on « sent » la meilleure. D'autres doivent être abordés de façon logique. Beaucoup réclament une approche intuitive et créative. D'autres encore demandent plutôt à être laissés là où ils se trouvent pour le moment.
(WILLIAMS Mark et PENMAN Danny, « Méditer pour ne plus stresser » (2011), préface de Jon Kabat-Zinn, Éditions Odile Jacob, 2013, p.22-27)
Vous pouvez observer le même processus dans votre propre esprit. Êtes-vous déjà retourné sur un lieu de vacances régulier de votre enfance ? Avant votre visite, vous n'en aviez sans doute gardé que des souvenirs flous. Mais, une fois sur place, en arpentant les rues, en enregistrant les images, les sons, les odeurs, les souvenirs ont afflué. Peut-être avez-vous été surpris par des bouffées d'excitation ou de nostalgie, ou même par un sentiment amoureux surgi du passé ? C'est parce que la remise en contexte a permis à votre esprit de faire remonter une foule de souvenirs associés. Et les lieux ne sont pas les seuls éléments déclencheurs de souvenirs. Le monde en est rempli. Une chanson n'a-t-elle jamais fait jaillir en vous une cascade de souvenirs chargés d'émotions ? Ou un parfum de fleurs, ou l'odeur du pain fraîchement sorti du four ?
Notre humeur agit comme un contexte interne, avec autant de force qu'un pèlerinage sur un ancien lieu de vacances ou le refrain d'une chanson favorite. Un éclair de tristesse, de frustration ou d'inquiétude peut faire ressurgir malgré vous des souvenirs perturbants. Bientôt, vous voilà perdu dans des pensées sombres et des émotions négatives. Et, le plus souvent, vous ne savez même pas dire d'où elles viennent ; elles semblent avoir surgi de nulle part. Vous pouvez soudain vous sentir de mauvaise humeur ou irrité sans savoir pourquoi. Et vous restez là à vous demander : « Pourquoi suis-je de mauvaise humeur ? », « Pourquoi suis-je triste et à plat aujourd'hui ? »
Vous ne pouvez rien faire contre le déclenchement de souvenirs pénibles, de reproches personnels ou de jugements critiques, mais vous pouvez arrêter ce qui vient après. Vous pouvez empêcher la spirale de s'autoalimenter et de vous lancer dans un nouveau cycle de pensées négatives. Vous pouvez bloquer la cascade d'émotions destructrices qui risque, au final, de vous rendre malheureux, inquiet, stressé, irritable ou épuisé.
La méditation en pleine conscience vous apprend à reconnaître les souvenirs et les pensées néfastes au moment où ils surgissent. Elle vous rappelle que ce ne sont que des souvenirs. Ils n'ont pas plus de réalité qu'un slogan publicitaire. Ils ne sont pas vous. Vous pouvez apprendre à observer les pensées négatives lorsqu'elles apparaissent, les laisser s'installer temporairement, puis les regarder simplement s'évaporer devant vos yeux. Et, quand cela arrive, il se produit un phénomène extraordinaire : un sentiment profond de bonheur et de paix remplit le vide.
La méditation en pleine conscience atteint ce résultat en exploitant une voie par laquelle notre esprit peut se connecter au monde autrement. La majorité d'entre nous ne connaissent que le côté analytique de l'esprit : les processus de pensée, de jugement, de planification et de remémoration, qui accompagnent la recherche de solutions. Or l'esprit est aussi conscience. Nous ne nous contentons pas de penser à quelque chose, nous sommes aussi conscients du fait que nous pensons. Et nous n'avons pas besoin de passer par le langage pour nous relier au monde. Nous pouvons aussi l'expérimenter directement par le biais de nos sens. Nous pouvons percevoir directement le chant des oiseaux, le parfum des fleurs et le sourire de quelqu'un qu'on aime. Et nous savons avec le cœur autant qu'avec la tête. Penser n'est pas la seule composante de l'expérience consciente. L'esprit est plus grand et plus ouvert que la seule pensée.
La méditation crée une plus grande clarté mentale, et permet de considérer les choses avec une conscience plus pure et plus ouverte. C'est un lieu, ou un point de vue – depuis lequel on peut observer ses propres pensées et sentiments à mesure qu'ils surgissent, qui nous libère de ce réflexe qui nous pousse à réagir aux choses dès qu'elles apparaissent. Notre moi profond – la partie de nous qui est foncièrement heureuse et en paix – n'est plus anéanti par l'agitation bruyante d'un esprit occupé à traiter les problèmes.
La méditation en pleine conscience nous encourage à faire preuve de plus de patience et de compassion avec nous-même, et à cultiver l'ouverture d'esprit et une douce persévérance. Ces qualités nous aident à nous libérer de la force d'attraction exercée par l'inquiétude, le stress et le malheur, en nous rappelant ce que la science a démontré : qu'on peut tout à fait cesser d'aborder la tristesse qu'on éprouve ou autres difficultés comme des problèmes à résoudre. Nous n'avons aucune raison de nous en vouloir lorsque nous « échouons » à les régler. C'est même sans doute un moindre mal, sachant que nos méthodes habituelles ont plutôt tendance à aggraver les choses.
La méditation ne nie pas la tendance spontanée de notre cerveau à résoudre les problèmes. Elle nous donne simplement le temps et l'espace nécessaires pour choisir le meilleur moyen de le faire. Certains problèmes sont plus faciles à résoudre d'une manière émotionnelle ; on choisit la solution qu'on « sent » la meilleure. D'autres doivent être abordés de façon logique. Beaucoup réclament une approche intuitive et créative. D'autres encore demandent plutôt à être laissés là où ils se trouvent pour le moment.
(WILLIAMS Mark et PENMAN Danny, « Méditer pour ne plus stresser » (2011), préface de Jon Kabat-Zinn, Éditions Odile Jacob, 2013, p.22-27)
Hauts-plateaux à proximité du col de Selim (Arménie) |
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