samedi 28 février 2015

Ne pas nous surcharger d'activités et de préoccupations superflues

Prendre la vie au sérieux ne signifie pas se consacrer entièrement à la méditation comme si nous vivions dans les montagnes himalayennes, ou jadis au Tibet. Dans le monde contemporain, il nous faut certes travailler pour gagner notre vie. Pourtant, ce n'est pas une raison pour nous laisser enchaîner à une existence routinière, sans aucune perspective du sens profond de la vie.
Notre tâche est de trouver un équilibre, une voie du juste milieu. Apprenons à ne pas nous surcharger d'activités et de préoccupations superflues mais, au contraire, à simplifier notre vie toujours davantage. La clé nous permettant de trouver un juste équilibre dans notre vie moderne est la simplicité.
(SOGYAL Rinpoché, « Étincelles d'éveil » (1995), Pocket n°14 913, 2013, pensée du 1er novembre)

Brume et lever de soleil (Embrun, France)

mercredi 25 février 2015

Mon corps veut dormir, mais pas ma tête

Quand ma fille avait 5 ans, elle avait du mal à s'endormir. Elle me demandait souvent : « Quand mon corps est fatigué mais pas ma tête, comment faire pour dormir ? » Parfois, à dix heures du soir, elle n'avait toujours pas trouvé le sommeil. Elle se levait. La fatigue s'accumulait. Toutes sortes d'idées lui trottaient dans la tête. Des histoires effrayantes l'empêchaient de dormir : Tom ne voulait plus jouer avec elle ; son poisson rouge était mort ; quelqu'un était caché sous son lit et voulait la tuer. Nous avons tout essayé : raconter des histoires, prendre un bain chaud, faire des exercices de relaxation, dire sur un ton irrité que cela suffisait et qu'elle devait maintenant dormir comme tout le monde. Rien n'y faisait.
Finalement, j'ai trouvé une solution : il suffisait que ma fille écoute moins les ruminations dans sa tête et qu'elle fasse descendre son attention, lentement, depuis sa tête jusqu'au ventre; elle devait essayer encore et encore, jusqu'à ce qu'elle finisse par se calmer. Dans le ventre, il n'y a pas d'idées. Là se trouve la respiration qui, comme une houle douce, bouge constamment. Un mouvement doux, un mouvement apaisant. Un mouvement qui, lentement, la berçait en l'endormant. Ma fille a maintenant 21 ans et elle utilise encore souvent cet exercice.
Un exercice aussi simple peut aider à quitter la tête pour le ventre, là où les idées ne s'agitent plus, là où tout est calme et silencieux.
Voilà le premier exercice que j'ai fait avec ma fille. ... Beaucoup d'enfants apprécient ce petit travail de conscience de la respiration tout juste avant de dormir.
(SNEL Éline, « Calme et attentif comme une grenouille » (2010), Préface de Christophe ANDRÉ, Éditions des Arènes, 2012, p.17-19)


Horloge astronomique, place Saint-Marc (Venise, Italie)

dimanche 22 février 2015

Quatre étapes pour s'imprégner de ce qui est bon

D'un point de vue technique, s'imprégner de ce qui est bon revient à assimiler délibérément des expériences positives dans la mémoire implicite. Vous y parviendrez en quatre étapes simples :
  1. Activer une expérience positive
  2. L'enrichir
  3. L'absorber
  4. Lier les éléments positifs et négatifs
L'étape 1 consiste à susciter un état mental positif et les étapes 2, 3 et 4 à l'installer dans votre cerveau. En anglais, la première lettre de chaque étape produit l'acronyme HEAL (c'est-à-dire GUÉRIR). Les trois premières phases sont entièrement focalisées sur les expériences positives. La quatrième est optionnelle mais très efficace : elle utilise des pensées et des sensations positives pour apaiser, réduire et remplacer potentiellement leurs pendants négatifs.
(HANSON Rick, « Le cerveau du bonheur : La joie, le calme et la confiance en soi au temps des neurosciences » (2013), Éditions des Arènes, 2015, p.76)

Lac Skadar (Monténégro)

lundi 9 février 2015

Pleine conscience et faim

L’alimentation en pleine conscience commence par le commencement, par la faim. Vous connaissez peut-être la fameuse question zen : « Quel est le son d’une main qui applaudit ? » Dans l’alimentation en pleine conscience, on pourrait demander : « Quel est le son de la faim ? Quel goût à la faim ? Où dans le corps la faim se manifeste-t-elle ? Comment la faim survient-elle ? »
Un autre dicton zen dit : « Quand tu as faim, mange. » Cela semble bien simple, mais, en réalité, ça ne l’est pas. Pourtant, pour la plupart d’entre nous, la chose était effectivement simple quand nous étions enfants. Des études montrent en effet que les nourrissons et les jeunes enfants ont un sens inné de ce qu’ils doivent manger et en quelle quantité. …
Une fois adultes, nous devons souvent nous inviter à quitter la table et nous convaincre de ne pas manger. Tout le processus de l’alimentation est devenu une préoccupation majeure et une espèce de médicament en vente libre pour calmer les nombreuses pressions et l’anxiété générées par notre mode de vie hyperactif. Différentes forces, différentes sortes de faim influencent notre façon de manger.
Qu’est-il arrivé dans ce passage à l’âge adulte qui a transformé notre faim naturelle et notre facilité à trouver la satisfaction en problèmes alimentaires complexes? La réponse à cette question comporte deux volets. Le premier, c’est que notre milieu nous a transmis des habitudes liées à l’alimentation et à la nourriture qui ne nous ont pas aidés. Le second, c’est que notre esprit a pris le dessus sur notre corps. Notre intelligence de jeune enfant a peu à peu cédé aux pressions et à l’anxiété de ceux qui prenaient soin de nous. À mesure que leur affection se transformait en inquiétude à notre égard, notre sagesse alimentaire innée et notre plaisir innocent de manger se sont dégradés. Par amour, ces adultes ont miné notre appétit naturel. …
La pratique de la pleine conscience peut nous libérer nos habitudes réactionnelles. Elle peut nous affranchir des voix intérieures et des émotions indésirables qui dominent notre façon de nous nourrir, altèrent le goût de nos aliments et nous privent de notre droit fondamental à retirer un réel plaisir du simple fait de manger.
(CHOZEN BAYS Jan Dr, « Manger en pleine conscience : La méthode des sensations et des émotions » (2009), Postface de Jon Kabat-Zinn, Éditions Les Arènes, 2013, p.39-42)

Marché, Pays Kasséna (Burkina-Faso)

vendredi 6 février 2015

La résonance empathique, prélude à la compassion

... Mengzi (ou Mencius), un sage chinois du IIIème siècle avant notre ère, écrivait ... : « Tous les hommes ont un esprit, et cet esprit ne supporte pas de voir souffrir les autres. »
Aujourd'hui, les neurosciences confirment la position de Mengzi en fournissant les données qui manquaient pour clore ce débat vieux de plusieurs siècles. Quand nous voyons quelqu'un qui souffre, les circuits correspondants s'activent dans notre cerveau et cette résonance empathique devient le prélude à la compassion. Nous allons automatiquement porter secours à un enfant qui hurle de terreur ; nous avons automatiquement envie de prendre dans nos bras un bébé qui sourit. Ces pulsions émotionnelles irraisonnées provoquent en nous des réactions non préméditées et immédiates. Le fait que ce passage de l'empathie à l'action se produise à une telle rapidité suggère l'existence de circuits consacrés à cette séquence. La sensation de détresse suscite le désir d'aider.
Entendre pousser un cri d'angoisse active en nous les mêmes circuits cérébraux que l'expérience vécue de l'angoisse et active aussi le cortex prémoteur, signe que nous nous préparons à agir. De même, une histoire triste ... active le cortex moteur – siège du mouvement – de celui qui écoute ainsi que l'amygdale et les circuits concernés par la tristesse. Cette empathie signale ensuite à l'aire motrice du cerveau, où s'élabore notre réponse, quelle action entreprendre. Nos perceptions initiales nous préparent à l'action, voire prédisposent à agir.
Les réseaux neuronaux de la perception et de l’action possèdent un code commun dans le langage du cerveau. Ce code permet à tout ce que nous percevons de provoquer presque instantanément la réaction appropriée.
...
Darwin [dans son Traité des émotions publié en  1872] voyait dans chaque émotion une prédisposition à agir de façon spécifique : la peur déterminant la fuite ou le combat ; la joie poussant les êtres à s'embrasser ; etc. L'imagerie cérébrale confirme aujourd'hui qu'il avait raison, et qu'au niveau neuronal, la contagion émotionnelle prépare, elle aussi, le cerveau à réagir de façon appropriée.
La loi de la nature veut qu'un système biologique utilise le moins d'énergie possible. En activant les mêmes neurones pour la perception et pour l'action, le cerveau respecte cette loi. Et cette économie s'étend d'un cerveau à l'autre. Quand nous percevons la détresse d'autrui, le lien perception-action nous pousse naturellement à lui venir en aide. Ressentir avec nous détermine à agir pour.
(GOLEMAN Daniel, « Cultiver l’intelligence relationnelle » (2006), Éditions Pocket, n°14433, 2013, p. 104-105)

Lac noir, Zabljak, Durmitor National Park (Monténégro)

mardi 3 février 2015

Le bonheur... plus tard ?

Quand le roi Pyrrhus sera-t-il content ?
Le roi Pyrrhus d’Épire reçut la visite de son ami Cynéas, qui lui demanda : « Si vous conquérez Rome, que ferez-vous ensuite, sire ? »
Pyrrhus répondit : « La Sicile est notre voisine et elle sera facile à prendre.
– Et après que vous aurez pris la Sicile ?
– Alors, nous nous rendrons en Afrique et saccagerons Carthage.
– Et après Carthage, sire ?
– Ce sera au tour de la Grèce.
– Si je peux me permettre la question, quels seront les fruits de toutes ces conquêtes ?
– Alors, dit Pyrrhus, nous pourrons nous asseoir et passer du bon temps.
– Ne pouvons-nous, dit Cynéas, passer du bon temps maintenant ? »

Les pauvres pensent qu’ils seront heureux lorsqu’ils deviendront riches. Les riches pensent qu’ils seront heureux quand ils seront débarrassés de leurs ulcères.

(Anthony de Mello, s.j., « Histoires d’humour et de sagesse » [1987], Éd. Albin Michel poche 2011 n°172, p.97)

Feuille et neige (Vaux, Moselle, France)