mardi 28 février 2012

L'expérience

"L’expérience est une bougie qui n’éclaire que celui qui la porte."

Confucius


"L’expérience est une lanterne attachée dans notre dos, qui n’éclaire que le chemin parcouru."

Confucius

Moines musiciens, festival de Hemis, Ladakh 2011

Pourquoi ai-je aussi peur ?

"Il y a deux grandes questions à propos des peurs et des phobies.
La première est celle que posent – souvent – les personnes qui n’en ont pas, ou peu : d’où viennent ces peurs excessives ? De l’enfance ? De l’inconscient ? Nous aborderons les hypothèses liées au symbolisme inconscient des phobies dans le chapitre sur les traitements, et nous verrons que ces hypothèses, bien que très séduisantes, se sont avérées d’une efficacité thérapeutique limitée.
La seconde question est celle que posent – toujours – les personnes qui en souffrent : comment puis-je m’en débarrasser ? Et comment vivre sans ces peurs constantes, qui réduisent mon autonomie, ma liberté, qui me font parfois perdre ma dignité ?
Si quelqu’un a une sclérose en plaques, on le soigne. On ne passe pas l’essentiel de son temps à chercher pourquoi il est atteint de cette maladie. Cette recherche des causes, c’est le travail des chercheurs, des épidémiologistes. C’est un travail très important, mais qui ne doit pas remplacer le soin. Or, en psychologie, on a longtemps fait croire aux patients que comprendre d’où venaient leurs symptômes serait suffisant pour faire disparaître ceux-ci. Cela s’est avéré doublement faux : en général, ce n’est pas suffisant, et parfois le but de « faire disparaître les symptômes grâce à une vraie thérapie en profondeur » est tout simplement irréaliste."

Christophe ANDRÉ, « Psychologie de la peur, craintes, angoisses et phobies », Éd. Odile Jacob, 2004 [2005 pour l’édition poche, n°166], p.33-34

Mur peint dans un monastère, Ladakh

samedi 25 février 2012

Paradoxe du monde moderne

"L’homme moderne laisse son esprit continuer à courir comme un rat, aveuglément et douloureusement, en proie à une confusion indisciplinée. Cela est peut-être le paradoxe des paradoxes à une époque qui se prétend scientifique. L’homme a accumulé une somme incroyable d’informations – le tout formulé en concepts – au sujet des formes et des noms qui peuplent l’univers, et il a soumis et discipliné les forces de la nature d’une façon qui aurait stupéfié ses ancêtres. Pour avoir de l’énergie électrique, il fera d’énormes travaux, d’un coût phénoménal en argent et travail, il arrêtera le cours des rivières … Pourtant, la connaissance de la réalité et de sa propre nature lui échappent, tandis qu’il néglige d’une façon presque invraisemblable de faire le moindre effort destiné à discipliner ses propres pensées même s’il entrevoit qu’elles le trompent et le torturent."

BERCHOLZ S. et CHÖDZIN KOHN S., « Pour comprendre le bouddhisme » (1993), Pocket 4794 (2004), Bhikkhu Mangalo, p.193


Le singe fou

"Examinons l’esprit d’un homme ordinaire dans une situation ordinaire. Nous découvrons que son esprit est comme une sauterelle ou un papillon à la poursuite de ses fantaisies et de ses impulsions du moment, qu’il est la proie de stimuli et de ses propres réactions émotionnelles à ces stimuli – des réactions qui, elles-mêmes sont pour une large part purement et aveuglément conditionnées. Un enchainement d’associations, d’espoirs, de fantasmes et de regrets ne cesse de s’agiter sans fin dans l’esprit. Ce processus se déclenche au contact du monde extérieur via l’intermédiaire des sens. C’est une quête aveugle, incessante et jamais assouvie, une recherche de la satisfaction, sans direction, sans but et douloureuse.
Ce n’est pas la réalité c’est un rêve éveillé, un enchaînement de concepts et de fantasmes. Le monde est façonné en formes identifiées et identifiables, dont chacune a son nom et, d’après ces noms – ces images conceptuelles de la réalité qui nous entoure –, l’esprit tisse sa toile de pensées dans lesquelles il se prend lui-même. Les objets changent mais leur « nom » reste le même, et l’esprit qui est reste rattaché à des noms et à des images vides perd le contact avec la réalité. Dans ces produits de sa propre imagination, l’esprit recherche la satisfaction et la sécurité dont il est avide. Il ne faut pas s’étonner que l’esprit soit appelé une « fabrique à idoles », et que le Bouddha l’ai décrit comme un singe agité qui saute de branche en branche, en quête de fruits agréables qui pourraient le rassasier, errant dans la jungle sans fin des événements conditionnés".

BERCHOLZ S. et CHÖDZIN KOHN S., « Pour comprendre le bouddhisme » (1993), Pocket 4794 (2004), Bhikkhu Mangalo, p. 191-192

Moulin à vent, Pays-Bas

Réapprendre les bonheurs simples

"… Nous acceptons la violence comme mode de vie et nous arrosons ses graines en nous, en regardant à la télévision des films et des émissions pleins de violence et qui nous font du mal, à nous et à notre société. …
Prenez votre petite fille ou votre petit garçon par la main et marchez lentement jusqu’au parc. Vous apprécierez le soleil, la beauté des arbres et des oiseaux, mais peut-être serez-vous surpris de constater que votre enfant s’ennuie. Aujourd’hui, les jeunes s’ennuient vite quand ils n’ont pas la télévision, la console de jeu, les jouets de guerre, les décibels… Ayant grandi, ils voudront essayer la vitesse, la drogue, l’alcool, ils s’adonneront à la sexualité et chercheront par tous les moyens à éprouver leur corps et leur esprit. Nous aussi, les adultes, essayons de combler notre solitude. Et nous souffrons tous.
Nous devons apprendre à apprécier les plaisirs simples de la vie et l’enseigner à nos enfants. C’est essentiel pour notre survie. Mais notre société est tellement malade que cela risque de ne pas être facile. Assis sur l’herbe avec notre enfant, montrons-lui les délicates petites fleurs jaunes et bleues et admirons ensemble ces miracles. Apprendre la paix commence là."

Thich Nhat Hanh, « La sérénité de l’instant, vivre en pleine conscience », Marabout n°3655, 2011, p.84-85


Désordre

"La plupart des existences sont fondées sur ce désordre consistant à ne pas mettre sa vie à jour dans chaque domaine et réussir à refouler tout ce qui nous met mal à l'aise. Cette trahison de la vérité ne pardonne pas".

Arnaud Desjardins

La pesée, haut relief, Pays-bas

Swâmi Prajnanpad

"Voulez-vous être libre de l'ivresse des intoxications émotionnelles et de l'engrenage sans fin des pensées?"

dimanche 12 février 2012

Sortir de la prison

"Notre prison est intérieure. Cette prison-là, seule la sagesse traditionnelle, la "philosophia perennis", sait comment en ouvrir la porte. Cette sagesse porte un nom : la connaissance de soi. S'il y a prison, la liberté est possible. Mais il n'y a aucune libération possible dans le mensonge et la tricherie : il faut accepter le fait que nous sommes prisonniers et comprendre en quoi consiste notre prison. C'est ce mensonge que tous les enseignements traditionnels ont appelé le "sommeil". Les écritures du Bouddhisme et du Christianisme parlent sans cesse de sommeil, de vigilance et d'éveil. Le sage est "éveillé parmi les endormis".

Arnaud Desjardins, Les chemins de la Sagesse, Tome 2, La Table Ronde, p.70


Dompter la peur

"Ce n’est pas parce qu’un phénomène est ancré dans la biologie qu’il est inamovible.
Ce qui marche dans un sens – la sensibilisation de la peur – peut marcher dans l’autre – sa désensibilisation. Des travaux récents et passionnants ont montré que les anomalies cérébrales associées aux troubles phobiques pouvaient se normaliser sous traitement, que ce dernier soit médicamenteux ou psychothérapique. Ce phénomène dit de « neuroplasticité cérébrale » est l’un des enjeux les plus passionnants de ces prochaines années pour la recherche en psychologie et en psychothérapies : il rappelle tout simplement que notre cerveau évolue continuellement, en fonction des expériences que nous vivons. Je peux agir sur mon cerveau, je peux le reconfigurer, pour que les émotions ; pathologiques que je subis ne soient plus une fatalité.
Mais cela ne peut se faire que de manière progressive. Il s’agit d’un véritable apprentissage : si je souhaite jouer d’un instrument de musique ou parler anglais, je vais devoir y consacrer du temps. Et pas seulement apprendre la théorie, mais pratiquer régulièrement. Il en est de même pour ma lutte contre la phobie : je peux apprendre à dompter mes peurs excessives, mais cela va nécessiter des efforts, sur une certaine durée. Quelques semaines à quelques années, selon les phobies, et leur ancienneté. Attention, cela ne veut pas dire qu’il faudra tout ce temps pour commencer à aller mieux : les premiers bénéfices peuvent être rapides. Cela veut dire qu’il faudra tout ce temps pour se sentir vraiment en sécurité, c’est-à-dire non pas à l’abri de la peur (ce n’est pas possible ni souhaitable) mais capable de la réguler.
Un de mes patients m’avait un jour proposé la comparaison suivante : « Je suis aujourd’hui avec mes peurs comme un dompteur dans la cage aux fauves. Je continue de me méfier, mais c’est moi qui commande. Je ne passerai pas ma vie dans la cage, mais toutes les fois que je dois m’y rendre, je sais que je peux le faire. Et parfois, parfois seulement, j’avoue que dominer ma peur dans ces circonstances me procure un petit plaisir … »"

Christophe ANDRÉ, « Psychologie de la peur, craintes, angoisses et phobies », Éd. Odile Jacob, 2004 [2005 pour l’édition poche, n°166], p.90

Divinités courroucées dans un monastère, Ladakh

Le chemin et le but

"… Nous succombons régulièrement à la tentation tenace, souvent frénétique et non examinée, de penser que nous devons d’abord arriver quelque part avant de pouvoir nous reposer ; que nous devons effectuer un certain nombre de choses avant de pouvoir être heureux… tout en rejetant en grande partie la responsabilité de notre affairement et de notre tristesse sur les circonstances extérieures –telles que les horaires et les délais, les exigences des employeurs, les courses, les volumes de travail toujours plus importants à traiter, voire la circulation–, qui peuvent considérablement contrarier notre désir d’aller là où nous le voulons quand nous le voulons.
Vous êtes-vous déjà entendu dire : « Je n’ai pas eu une minute pour souffler » en décrivant un moment de la journée où vous avez travaillé d’arrache-pied pour pouvoir passer à autre chose, vous rendre à l’aéroport ou vous écrouler dans votre lit ?
C’est une expression qui nous vient si facilement. . « Je n’ai pas eu une minute pour souffler. »
Réfléchissez un instant. Est-ce vraiment le cas ?
N’est-ce pas plutôt que nous ne pensions pas –ou que nous ne savions pas– que nous pouvions prendre un moment pour nous orienter et nous ancrer dans le corps, pour sentir le souffle, les tensions et le stress susceptibles d’envahir tout notre être ? Si nous parvenons à reconnaître ce que nous faisons et ressentons réellement à un instant donné, il est possible que nous puissions influencer notre relation à ce qui se passe à cet instant même, ou dans cette succession d’instants où se déploient les choses. Nous pouvons ensuite choisir de continuer d’avancer au même rythme ou de prendre un peu de recul pour être davantage présents, et peut-être donc plus efficaces. Nous pouvons même prendre conscience de ce sentiment chronique de pression ou de débordement généré par notre désir insensé de réussir à tout faire, qui, par ricochet, multiplie le risque de bâcler partiellement, pour ne pas dire totalement, l’action dans laquelle nous sommes engagés."

Dr Jon Kabat-Zinn John, « L’éveil des sens : vivre l’instant présent grâce à la pleine conscience », 2005, Pocket n°14 424, 2011, Préface de Matthieu Ricard, p. 428-429

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samedi 11 février 2012

Agir en harmonie avec soi-même

"- Imaginez que vous allez mourir ce soir, et que vous le savez depuis une semaine. De tout ce que vous avez fait dans la semaine, qu’est-ce que vous auriez conservé, sachant que vous alliez mourir ?
… J’essayai de me repasser mentalement le film de la semaine en question. Je m’efforçai de visualiser heure par heure ce que j’avais fait, et, pour chacune de mes actions, je me demandai si je l’aurais vraiment réalisée sachant que j’allais mourir à la fin de la semaine. Il me fallut plusieurs minutes pour lui répondre :
- Il y a environ 30 % de mes actions que j’aurais conservées, grosso modo.
- Vous êtes en train de me dire que vous auriez renoncé à faire 70 % de ce que vous avez fait, si vous aviez su que vous alliez mourir ?
- Ben, oui.
- C’est trop, beaucoup trop. Il est normal d’accomplir certaines tâches vides de sens, mais pas dans de telles proportions. En fait, vous devriez pouvoir inverser ce rapport : être capable d’affirmer que, sachant votre mort prochaine, vous continueriez d’effectuer 70 % de ce que vous faites habituellement. Ce serait un signe que vos actions sont en harmonie avec qui vous êtes."

 GOUNELLE Laurent, « L’homme qui voulait être heureux », Pocket n°13 841, 2010, p.141-142

Niger

Faire comme tout le monde

"Observez attentivement la figure ci-après. D'après vous, quelle ligne est la plus proche de la ligne de référence ?



Vous avez sans doute - à juste titre - répondu qu'il s'agissait de la ligne n°2. Cela vous paraît évident ? Pourtant, il n'est pas sûr que vous auriez répondu de la sorte si vous aviez été placé dans les conditions d'une très célèbre expérience de psychosociologie que nous allons vous décrire...
On avait demandé à des sujets volontaires d'évaluer la longueur des traits d'après le même schéma que celui que vous avez sous les yeux. Lorsqu'ils étaient seuls, moins de un sur mille se trompait ; l'immense majorité identifiait donc la ligne n°2 comme étant la bonne réponse. Par contre, si les sujets étaient mêlés à d'autres personnes (en fait, des comparses de l'expérimentation), les choses se compliquaient. Durant les deux premiers exercices, les comparses se comportaient normalement, c'est-à-dire qu'ils donnaient des réponses logiques et désignaient la bonne ligne. Au troisième exercice, les comparses - on s'arrangeait pour qu'ils donnent leur réponse avant le sujet - avaient pour consigne de tous choisir la ligne n°1 ou n°3 comme la plus proche de la ligne de référence, et de le faire avec la plus grande décontraction et le plus grand naturel. Les sujets montraient alors des signes de tension et de gêne assez intenses ; puis, un tiers d'entre eux se rangeaient à l'avis du groupe et choisissaient la mauvaise réponse.
La principale raison de ce conformisme est probablement la peur du rejet social… : c'est elle qui poussa nombre des participants à « faire comme tout le monde ». Cette peur est très liée à l'estime de soi. On a d'ailleurs pu montrer, en renouvelant cette expérience ultérieurement pour mieux en étudier certains variables, que notre conformisme social s'accroît d'autant plus que notre estime de soi est malmenée : plus les sujets étaient placés dans un environnement où ils se sentaient mal à l'aise ou incompétents (par exemple avec d'autres volontaires très sûrs d'eux, ou visiblement familiers du laboratoire de psychologie), ou plus ils admiraient le statut du groupe (par exemple si on leur présentait les autres personnes comme membres d'un groupe d'experts ou d'étudiants plus avancés qu'eux dans leurs études), plus ils choisissaient les mauvaises réponses.
Moralité ? Méfiez-vous de vos choix toutes les fois où vous êtes amené à prendre une décision au sein d'un groupe. Et ce, d'autant plus que le groupe vous intimide et vous fait douter de vous : en effet, plus votre estime de soi sera basse, plus vous vous montrerez grégaire - parfois aux dépens du simple bon sens..."

Christophe ANDRÉ, « Les états d’âme, un apprentissage de la sérénité », Éd. Odile Jacob, 2009 [2011 pour l’édition poche, n°295], p.177-178.




Le psoriasis: une étude sur la guérison et l’esprit

"Le psoriasis est une maladie de peau… Les épisodes récurrents sont souvent déclenchés par le stress psychologique. On sait peu de chose sur les prédispositions génétiques, les causes premières et la biologie moléculaire du psoriasis. Il s’agit manifestement d’une prolifération cellulaire incontrôlée dans la couche épidermique de la peau mais non d’un cancer. Les cellules à la croissance rapide n’envahissent pas d’autres tissus, et la maladie n’entraîne pas davantage de problèmes de santé ni mort. … Son traitement par la photothérapie est une expérience particulièrement stressante. Pour commencer, les patients doivent se présenter à l’hôpital trois fois par semaine pour des traitements très brefs. Ils doivent ensuite se déshabiller et s’enduire le corps d’huile, une perspective déjà désagréable en soi, avant d’enfiler des lunettes noires et une taie d’oreiller recouvrant la tête, et de rester tout nu dans l’espace confiné d’une cabine, dans la chaleur et l’air vicié, oppressés par l’intensité des lumières grillant la peau et les bruits de moteur saturant l’air. … La méditation pouvait-elle rendre la photothérapie plus agréable pour ces patients et les inciter à respecter jusqu’au bout le protocole de traitement ?
Nous pouvions effectivement apprendre aux patients du Dr Jeff Bernhard des méthodes efficaces pour se détendre dans la cabine et gérer les aspects désagréables du traitement. La méditation debout semblait idéale, puisque les séances s’effectuaient dans cette position. On pouvait y inclure la méditation du souffle, de l’entendre, de la-sensation-de-la-lumière-sur-la-peau, de l’observation-de-l’esprit-subissant-un-stress, en un mot, une gamme complète de pratiques en pleine conscience adaptée à leur expérience moment après moment dans la cabine. Comme je l’ai expliqué au Dr Bernhard, j’étais certain qu’au moins une partie de ses patients seraient plus détendus et finiraient même par apprécier davantage leur traitement, en mobilisant leurs pouvoirs d’attention afin de neutraliser certains aspects les plus lourds à l’origine des forts taux d’abandon.
Mais nous pouvions nous montrer encore plus novateurs. Il m’est apparu soudain que le paradigme de la photothérapie était idéal pour étudier l’importante question de l’influence de l’esprit sur la guérison – dans le cas du psoriasis, un processus que nous pouvions voir, photographier et suivre au fil du temps. Pourquoi ne pas former ses patients aux méthodes basées sur la pleine conscience dans le cadre d’une étude contrôlée destinée à observer les effets de l’esprit sur le blanchiment de la peau ? Nous pouvions répartir les candidats potentiels en deux groupes. Les premiers méditeraient lorsqu’ils se trouveraient dans la cabine, guidés par une cassette audio spécialement adaptée à leur situation. Les seconds suivraient leurs séances habituelles, sans méditation. Et, pour maximiser nos chances de découvrir quelque chose, dans les étapes ultimes du traitement, au moment où les séances sont plus longues et laissent davantage le temps aux patients d’entendre les consignes, j’ai suggéré d’inclure un exercice de visualisation sur la guérison de la peau en réponse à la lumière.
Nous avons d’abord monté une étude pilote conforme à ces grandes lignes pour observer ce qui allait se passer. Nous avons constaté que la peau des méditants blanchissait en moyenne bien plus rapidement que celle des non-méditants. Forts de ce résultat encourageant, nous avons mené une seconde étude : pour nous convaincre qu’il ne s’agissait pas simplement d’un coup de chance, avec davantage de patients et un protocole plus rigoureux, dont plusieurs méthodes d’évaluation de la qualité de la peau au fil du temps. Nous prenions par exemple des photographies régulières des lésions les plus importantes, qui étaient ensuite analysées en toute indépendance par deux dermatologues ignorant à la fois l’identité des patients et le groupe auquel ils appartenaient.
Les résultats précédents ont pu être confirmés, mais avec plus de précision cette fois-ci. Les statistiques montraient effectivement que les méditants guérissaient presque quatre fois plus vite que les non-méditants."

Dr Jon Kabat-Zinn John, « L’éveil des sens : vivre l’instant présent grâce à la pleine conscience », 2005, Pocket n°14 424, 2011, Préface de Matthieu Ricard, p. 379-385.

Jon Kabat-Zinn est l’inventeur d’une méditation accessible à tous : la « méditation en pleine conscience ». Grâce à lui, depuis trente ans, plus de 250 hôpitaux et cliniques à travers le monde l’utilisent comme outil de soin.
Voir : J. Kabat-Zinn, E. Wheeler, T. Light, A. Skillings, M. Scharf, T.G. Cropley, D. Hosmer, J. Bernhard, « lnfluence of mindfulness-based stress reduction intervention on rates of skin clearing in patients with moderate to severe psoriasis undergoing phototherapy (UVB) and photochemotherapy (PUVA) », Psychosomatic Medicine, 60 (1998) : 625-632.

Statue de méditant dans un temple, Ladakh

Nous ne sommes pas nos pensées

"Dans notre vie quotidienne, comme dans la pratique formelle, il est extrêmement bon de savoir que nous ne sommes pas nos pensées (y compris nos idées, nos opinions et même nos positions bien arrêtées) et qu’elles ne sont pas nécessairement vraies, ou seulement vraies dans une certaine mesure, et souvent peu utiles de toute façon. C’est lorsque nous ne les connaissons pas comme telles, lorsque nous n’avons pas conscience de leur flux même, des bulles individuelles, des courants et des tourbillons de pensée au sein du flux, que nous n’avons aucun moyen d’œuvrer à nous affranchir de leurs énergies incroyablement puissantes et persistantes, mais souvent trompeuses."

Dr Jon Kabat-Zinn John, « L’éveil des sens : vivre l’instant présent grâce à la pleine conscience », 2005, Pocket n°14 424, 2011, Préface de Matthieu Ricard, p. 289

Le Dr Jon Kabat-Zinn est l’inventeur d’une méditation accessible à tous : la « méditation en pleine conscience ». Grâce à lui, depuis trente ans, plus de 250 hôpitaux et cliniques à travers le monde l’utilisent comme outil de soin.

Reflets, lac de Lispach, Vosges