samedi 19 novembre 2011

Prendre conscience de notre aveuglement

"LAMA JIGMÉ : La souffrance … provient donc de l’ignorance telle que je l’ai définie, notamment de cette incapacité à déceler les tendances habituelles de l’esprit et à ne pas être leur jouet.
Il existe deux types de tendances. La première concerne les habitudes ancrées dans nos vies, le fait de fumer, par exemple. Si je suis né dans une famille de fumeurs ou si des amis m’ont initié à ce rite, j’ai grandi ainsi et je vais fumer sans penser au caractère nocif de ce comportement. Les conseils que je peux recevoir ne suffiront pas à me convaincre de changer. Je préférerai ne pas y penser, et une habitude se transformera ainsi en tendance. L’autre type de tendances est lié aux émotions perturbatrices telles que la haine ou la colère… Si nous ne sommes pas conscients de la présence de la colère en nous, de cette tendance qu’elle génère à nous venger et à rendre coup pour coup dans l’existence, nous allons trouver « normal » de prendre notre revanche sur quelqu’un qui nous a nui, de chercher à tout prix à nous débarrasser de tout ce qui nous dérange. Nous ne percevrons pas le mal que nous faisons à l’autre (et donc à nous-mêmes, en retour), car, dans notre aveuglement, de tels comportements sans cesse répétés nous paraîtront tout naturels."

« Le Moine et le Lama » , Dom Robert Le Gall – Lama Jigmé Rinpoché, entretiens avec Frédéric Lenoir (2001), Le Livre de Poche n°15512, 2003, p. 73-74.

Lac de Longemer, Vosges




L'Amour, mère de la Connaissance

"Cette sagesse et cette connaissance qu'ambitionnent tous les chercheurs spirituels, tous les disciples ou candidats-disciples, ne viendront jamais sans que le règne de l'amour, du vrai amour, ait d'abord été établi. Tant qu'il reste un ennemi, qu'il soit dans le passé, dans le présent ou dans nos craintes pour le futur, la Connaissance ne viendra jamais et c'est la grande illusion de beaucoup de chercheurs, de penser pouvoir trouver la Connaissance en faisant l'économie de l'Amour. Ramana Maharshi qui, entre tous au XXe siècle, s'est manifesté comme l'incarnation de la Voie de la Connaissance, l'a dit lui-même : "bhakti jnana mata", l'Amour est la mère de la Connaissance."
Arnaud Desjardins, A la Recherche du Soi, La Table Ronde, p. 317.

Deux pouvoirs miraculeux

Arnaud Desjardins raconte dans ce livre que quand sa fille Muriel avait neuf ans et qu'elle avait déjà rencontré de nombreux sages, elle a demandé à Swâmiji s'il avait des pouvoirs miraculeux. Swâmiji a répondu non. Comme la petite fille n'était pas satisfaite de la réponse...
"Alors Swâmiji a dit : "Si, Swâmiji a deux pouvoirs miraculeux (...) un amour infini et une patience infinie." Comme je traduisais, j'ai réprimé mon émotion. (...) De ce jour-là je n'ai plus eu, jusqu'au fond de moi-même, le moindre reste de désir du moindre pouvoir autre que ceux-là."

Arnaud Desjardins, A la Recherche du Soi, La Table Ronde, p. 315

Survol des glaciers de l'Himalaya

Avoir ou Etre

"Toutes les actions ordinaires ont pour but d'avoir ou de ne pas avoir quelque chose, mais il y a un autere type d'action que les êtres humains ordinaires n'entreprennent pas. Ce sont les actions qui relèvent non plus de l'avoir mais de l'être, qui vont vous permettre de libérer peu à peu votre être de la nécessité d'avoir ou de ne pas avoir, d'avoir ce que vous aimez et de ne pas avoir ce que vous n'aimez pas."

Arnaud Desjardins, A la Recherche du Soi, La Table Ronde, p. 237.

Coucher de soleil sur la route de Crêtes, Vosges

Comprendre certains échecs

"Vous pouvez voir peut-être que certains échecs de votre existence s'expliquent par le fait que ce Grand Inconscient en vous-mêmes a fait échouer ce qu'une part plus superficielle tentait à tout prix de faire réussir, parce que cet échec était nécessaire à votre progression spirituelle, à votre détachement, à votre approfondissement de vous-même et de l'existence."

Arnaud Desjardins, A la Recherche du Soi, La Table Ronde, p. 233

Amanite tue-mouches

mercredi 16 novembre 2011

La communication consciente

"Lorsque j’ai commencé à enseigner le Bouddhisme, un de mes collègues m’a signalé que la principale qualité pédagogique à développer était l’aptitude à rester tranquille et à écouter. Un conseil en or. On peut avoir une si forte envie de faire passer son message que l’on ne se montre pas assez attentif à ce que les autres veulent dire. Comme si l’on attendait qu’ils aient fini de parler pour placer ce qu’on a en tête. Nos objectifs préconçus font entrave à tout dialogue authentique. En pratiquant la Parole juste, tâchez d’être, ouvert, calme et conscient de ce que les autres pensent et ressentent. Savez-vous reconnaître à la voix des autres s’ils sont heureux, tristes, déprimés, déroutés ? À mesure qu’on devient plus conscient, plus vigilant, on découvre les joies de l’écoute et l’on se dessaisit de son besoin de clamer ses idées haut et fort. J’appelle cela ouvrir « la troisième oreille », l’oreille interne de l’écoute authentique. On peut même écouter à travers tous ses sens, si l’on est suffisamment sensible et alerte.
Avez-vous déjà rencontré une personne apparemment incapable d’écouter, dont l’ego est si fort qu’elle ne peut s’arrêter de parler, qui se sert des mots pour dominer les autres et les contrôler, comme un politicien pratique l’obstruction systématique en faisant des discours interminables pour bloquer un débat parlementaire ? Quelqu’un qui donne l’impression de pomper tout l’air disponible, dès qu’il entre quelque part ? Ou quelqu’un qui envahit constamment votre espace par des remarques grossières, inconvenantes ou provocatrices ? C’est tout simplement Radio Ego qui émet à plein tube.
… La véritable écoute est un moyen de marquer une pause et d’être vraiment présent, afin que tout ce qui se dit soit immédiatement perçu, ainsi d’ailleurs que tous les mouvements qui ont lieu dans l’ensemble du champ énergétique, en soi et au dehors. C’est un aspect du développement de l’esprit alerte."

Lama SURYA DAS, « Éveillez le Bouddha qui est en vous », Pocket n°10736, 2005, p. 228-229


Désirs

"Cette libération des entraves du désir qu’évoque le Bouddha procure une paix intérieure inimaginable, une impression d’unité et de plénitude. Pourtant, beaucoup ont peur de ce concept parce que désir et passion sont nécessairement liés pour eux. « Comment, se récrient-ils, pas de passion ? Autant dire pas de vie ! Sans passion, je pourrais aussi bien être mort ! » Mais il s’agit là d’une interprétation nihiliste ou extrême de ce que signifie « s’affranchir du désir ». Un esprit affranchi du désir est autrement plus riche et fécond que ces notions superficielles ne le laissent à supposer.
Être libéré du désir, c’est simplement trouver la paix et la satisfaction. Quand on éprouve de la satisfaction, ne serait-ce que momentanément, ne se sent-on pas plus vivant, plus dynamique ? Redouter l’absence de désir revient à tourner le dos au bonheur durable. Ce bonheur durable, dont parle le Bouddha, ne signifie pas qu’on n’ait plus ni personnalité ni passion. L’absence de désir veut dire au contraire que plus rien ne vous manque. Réfléchissez aux implications possibles sur votre vie et votre comportement actuel.
L’important, c’est que vous êtes bien plus que la somme de vos envies et de vos désirs. Les êtres éveillés … ne s’investissent pas dans leurs désirs, ils ne s’y identifient pas. Les maîtres spirituels authentiques sont capables de vivre dans le monde sans être du monde. On les compare parfois à de gracieux cygnes au plumage neigeux qui glissent sur les lacs de notre monde sans faire de vagues."

Lama SURYA DAS, « Éveillez le Bouddha qui est en vous », Pocket n°10736, 2005, p. 115-116


La persévérance

"Il y a beaucoup d'hommes et de femmes qui sont attirés vers la voie spirituelle à l'occasion d'une crise, et pour qui la méditation peut représenter un véritable sauvetage affectif. Mais quand les choses s'arrangent et qu'ils retrouvent plus ou moins leur équilibre, ils se laissent souvent distraire par leurs nouveaux centres d'intérêt et se désintéressent de leur pratique. Certains passent ainsi des années à entrer et sortir de la voie spirituelle, en fonction de qui leur arrive. Ce genre d'agitation est révélateur du fait qu'on accorde encore trop d'importance aux choses extérieures - événements et personnes ; qu'on continue à chercher la solution en dehors de soi. Pour relever le défi de l'agitation, il faut plus de motivation et vraiment s'engager à travailler davantage sur soi. Continuité et répétition sont les secrets du succès."

Lama SURYA DAS, « Éveillez le Bouddha qui est en vous », Pocket n°10736, 2005, p. 349

Concarneau, cadran solaire du Beffroi de la ville close

lundi 14 novembre 2011

L'attachement

"À qui ou à quoi êtes-vous le plus attaché ? À une personne ? Un objet ? Une attitude, un type de comportement ? Êtes-vous attaché à une habitude, à une conduite répétitive, voire compulsive ? Êtes-vous attaché à l’argent ? À votre situation ? Et qu’en est-il de l’ambition ? Nos vies sont souvent dominées par toutes les formes que prend l’attachement, si bien qu’on finit par être possédé par ce qu’on possède. On a une telle soif de succès qu’on renonce au vrai vécu, un tel désir de beau qu’on ne voit plus que les imperfections de ce qu’on possède déjà ; on est si attaché aux autres qu’on tente de les contrôler ou de se les approprier. On peut être si attaché à quelque chose ou à quelqu’un qu’on en devient totalement dépendant, au point d’oublier qui l’on est.
Le Bouddhisme nous enseigne aussi que l’attachement génère deux sous-produits venimeux : l’orgueil et la jalousie. On est si « attaché » à ses biens et à ses succès qu’ils deviennent source d’orgueil, lequel nous pousse à nous définir par rapport à eux. Qui suis-le ? « Je suis le PDG de la société Untel, j’ai un doctorat, je suis femme de médecin, je suis le meilleur basketteur du quartier. » L’orgueil contribue fortement au maintien d’une personnalité rigide ; il nous fixe en un point, nous prend dans ses rets et nous emprisonne, tarissant l’eau vive de l’authenticité et de l’inspiration.
Comme l’orgueil, la jalousie concourt à donner une vision dualiste du monde. « Elle a quelque chose que je n’ai pas, et ça, je le veux. » Ou bien : « Celui-là, il essaie de me prendre un truc et ça ne va pas se passer comme ça ! » L’orgueil et la jalousie sont des manifestations de l’attachement à l’ego. Il est donc essentiel de s’en purifier pour se défaire d’une vision fausse – puisque égocentrique – de la réalité, et introduire l’harmonie et la réconciliation dans sa vie."

Lama SURYA DAS, « Éveillez le Bouddha qui est en vous », Pocket n°10736, 2005, p. 83-84

Pourquoi entrainer l'esprit ?

"Que l’on accepte ou non l’existence d’une chose appelée conscience ou esprit, il est clair que chacun a l’expérience du plaisir et de la douleur, et que chacun cherche le bonheur et fuit la souffrance. Ce bonheur que nous cherchons et que nous désirons, il naît de l’esprit. Donc, il nous faut identifier la nature de l’esprit et le processus par lequel nous pouvons le former et le transformer. En conséquence, il nous faut examiner s’il existe un état où il est possible d’être totalement affranchi de tous les aspects négatifs de l’esprit, et comment accéder concrètement à une telle liberté. 
Peine, plaisir et souffrance dépendent de leur origine propre. Il importe donc d’identifier les aspects négatifs de l’esprit, qui donnent naissance à la souffrance, et de les surmonter. De la même manière, nous pouvons améliorer les côtés positifs de l’esprit, qui amènent le bonheur".

Dalaï-lama, « L’harmonie intérieure », J’ai Lu n°7472, 2009, p. 9-10


Orgue de l'église Saint Germain de Pleyben

dimanche 6 novembre 2011

Deux types de tendances

"LAMA JIGMÉ : La souffrance … provient donc de l’ignorance telle que je l’ai définie, notamment de cette incapacité à déceler les tendances habituelles de l’esprit et à ne pas être leur jouet. 
Il existe deux types de tendances. La première concerne les habitudes ancrées dans nos vies, le fait de fumer, par exemple. Si je suis né dans une famille de fumeurs ou si des amis m’ont initié à ce rite, j’ai grandi ainsi et je vais fumer sans penser au caractère nocif de ce comportement. Les conseils que je peux recevoir ne suffiront pas à me convaincre de changer. Je préférerai ne pas y penser, et une habitude se transformera ainsi en tendance. L’autre type de tendances est lié aux émotions perturbatrices telles que la haine ou la colère… Si nous ne sommes pas conscients de la présence de la colère en nous, de cette tendance qu’elle génère à nous venger et à rendre coup pour coup dans l’existence, nous allons trouver « normal » de prendre notre revanche sur quelqu’un qui nous a nui, de chercher à tout prix à nous débarrasser de tout ce qui nous dérange. Nous ne percevrons pas le mal que nous faisons à l’autre (et donc à nous-mêmes, en retour), car, dans notre aveuglement, de tels comportements sans cesse répétés nous paraîtront tout naturels".
« Le Moine et le Lama » , Dom Robert Le Gall – Lama Jigmé Rinpoché, entretiens avec Frédéric Lenoir (2001), Le Livre de Poche n°15512, 2003, p. 73-74

Jérôme Bosch, La Colère, Les Sept Péchés capitaux, vers 1450, musée du Prado, Madrid