lundi 18 juillet 2011

Le bien et le mal

"La douleur [personnelle et celle qu'on inflige aux autres] constitue la ligne de démarcation entre le bien et le mal".

Sa Sainteté le 14ème Dalaï-Lama, cité par Fabien Ouaki dans "La vie est à nous", p. 184, Pocket.

La véritable nature de l'esprit

"Trois jours durant, je restai dans ma chambre à méditer, en ayant recours à un certain nombre de techniques que je décrirai plus avant dans ce livre. Peu à peu, je commençais à reconnaître la fragilité et le caractère éphémère des pensées et des émotions qui m’avaient perturbé pendant des années, et je compris comment, en me crispant sur de petits ennuis, je les avais transformés en problèmes énormes. Du seul fait de rester assis à observer à quelle vitesse et, sous bien des aspects, avec quel illogisme mes pensées et mes émotions allaient et venaient, je commençai à voir directement qu’elles n’étaient pas aussi solides et réelles qu’elles en avaient l’air. Puis, une fois que j’eus commencé à lâcher prise sur ma croyance à l’histoire qu’elle avaient l’air de me raconter, je perçus peu à peu l’« auteur» qui se cachait derrière : la conscience infiniment vaste, infiniment ouverte, qui est la nature même de l’esprit".

YONGEY MINGYOUR Rinpotché, « Bonheur de la méditation », préfacé par Matthieu Ricard, Le livre de poche n°31 349, 2009, p. 51-52



La perception déformée de la réalité

"Vous êtes-vous déjà regardé dans un miroir déformant ? Votre visage y est tout allongé, vos yeux énormes et vos jambes toutes petites. Ne soyez pas comme ce miroir. Soyez plutôt comme l’eau calme du lac de montagne. Souvent, nous ne reflétons pas clairement les choses, notre perception est fausse et cela nous fait souffrir. Dans Being Peace, j’utilise l’exemple suivant : imaginez que vous êtes en train de marcher dans la pénombre et que vous voyez soudain un serpent. Vous poussez un cri et partez en courant chercher des amis. Munis d’une lampe de poche, vous revenez à l’endroit où vous avez vu le serpent. Mais lorsque vous l’éclairez, vous découvrez qu’il ne s’agissait pas du tout d’un serpent, mais d’un simple bout de corde. C’est ce que j’appelle une perception déformée.
Il nous arrive souvent de ne pas voir clairement les choses ou de ne pas vraiment écouter ce que nous disent les autres. En réalité, nous voyons et entendons nos propres projections et nos propres préjugés. Nous ne sommes pas assez clairs et ne percevons pas les choses telles qu’elles sont. Il peut même nous arriver de nous disputer avec un ami qui vient de nous faire un compliment, simplement parce que nous avons déformé ses paroles. Si nous ne sommes pas calmes, si nous écoutons juste nos propres espoirs et notre colère, nous ne sommes pas en mesure de recevoir la vérité qui essaie de se refléter. Pour percevoir la réalité telle qu’elle est, il nous faut avant tout calmer l’eau de notre lac. Quand vous vous sentez agité, ne faites rien et ne dites rien. Respirez. Une fois calme, demandez à votre ami de répéter ce qu’il vient de dire. Cela permettra d’éviter bien des désagréments. Le calme est la base de la compréhension et de la perception juste. Le calme est force.
Si nous voulons nous détacher et retrouver notre calme, il nous faut apprendre à voir les choses telles qu’elles sont. Les arbres, la montagne, le vent, les oiseaux ... tout ce qui est veut se refléter en nous. Pour trouver la vérité, il n’est pas nécessaire d’aller la chercher. Il nous suffit d’être calme et les choses se révéleront d’elles-mêmes sur l’eau tranquille de notre cœur".

Thich Nhat Hanh, « La sérénité de l’instant, vivre en pleine conscience », Marabout n°3655, 2011, p. 23-25

Gerris lacustris - Araignées d'eau

Retrouver la paix

"La méditation est faite pour apporter la paix, la joie et l’harmonie en nous et autour de nous. Pour que notre florescence reste épanouie, pour retrouver la paix, le bonheur et le sourire, nous devons avant tout apprendre à « arrêter ». Arrêter nos angoisses, nos soucis, notre agitation et notre tristesse. C'est la base de toute méditation. Quand les choses ne vont pas très bien, il est bon de savoir arrêter afin d’empêcher les énergies désagréables ou destructrices d’agir. Arrêter ne signifie pas réprimer, mais calmer. Si nous voulons que l’océan se calme, nous n’allons pas essayer de le vider de son eau. Sans eau, il n’y a plus d’océan. Lorsque nous sentons que la peur, la colère ou l’agitation sont en nous, nous n’avons pas besoin de les rejeter. Pour calmer la tempête, il nous suffit simplement d’inspirer et d’expirer consciemment. Nous n’avons pas non plus besoin d’attendre que la tempête arrive pour commencer à faire cet exercice. Si nous pratiquons quand nous allons bien, nous irons encore mieux. C’est la meilleure manière de nous préparer à vivre les difficultés au moment où elles apparaissent".

Thich Nhat Hanh, « La sérénité de l’instant, vivre en pleine conscience », Marabout n°3655, 2011, p. 19

Le pic de Bure, vu depuis les hauteurs de Glaise (Hautes-Alpes)

dimanche 17 juillet 2011

Voir tout ce qui va bien

"Lorsque nous avons une rage de dents, nous savons combien le fait de ne pas avoir mal aux dents est appréciable. « J’inspire, et je suis conscient de ne pas avoir mal aux dents. J’expire, et je souris à mon absence de mal de dents. » Nous pouvons toucher notre absence de mal de absence de mal de dents en pleine conscience. Quand nous avons de l’asthme ou simplement le nez bouché, nous pouvons à peine respirer. A ce moment-là, nous comprenons à quel point il est merveilleux de respirer librement.
Chaque jour, nous touchons ce qui ne va pas et notre santé ne fait que faiblir. C’est pour cela que nous devons apprendre à toucher ce qui va bien – à l’intérieur et à l’extérieur de nous. Lorsque nous sommes en contact avec nos yeux, notre cœur, notre foie, notre respiration et notre absence de mal de dents, et que nous savons vraiment les apprécier, nous constatons que les conditions nécessaires à la paix et au bonheur sont déjà présentes. Lorsque nous touchons la terre de nos pieds, lorsque nous prenons le thé avec des amis dans la pleine conscience, nous pouvons nous guérir et apporter cette guérison à la société. Plus nous avons souffert dans le passé, plus nous avons la capacité de nous guérir. Nous pouvons apprendre à transformer notre souffrance en une compréhension qui aidera nos amis et la société".

Thich Nhat Hanh, « La sérénité de l’instant, vivre en pleine conscience », Marabout n°3655, 2011, p. 15

Nos films intérieurs

"Selon la psychologie bouddhiste, notre conscience est divisée en deux parties, comme une maison à deux étages : au rez-de-chaussée le salon, que nous appellerons la « conscience immédiate », et sous le rez-de-chaussée le sous-sol, que nous appellerons la « conscience enfouie ». Notre conscience enfouie stocke tout ce que nous avons fait, expérimenté ou perçu sous forme de graines ou de films. Notre sous-sol est un véritable entrepôt qui renferme toutes sortes de films enregistrés sur des DVD. Et à l’étage, dans le salon, nous regardons les films projetés depuis le sous-sol.
Certains films – tels la colère, la peur ou le désespoir semblent avoir la capacité de surgir du sous-sol sans y avoir été invités. Que nous le voulions ou non, ils ouvrent la porte du salon, s’installent dans notre lecteur et nous avons alors le sentiment de n’avoir pas d’autre choix que de les regarder. Heureusement, chaque film a une durée limitée et, une fois fini, retourne au sous-sol. Mais le simple fait d’avoir regardé ce film lui donne plus d’importance, et nous savons alors que nous serons amenés à le revoir. Parfois, un stimulus extérieur – par exemple des paroles qui heurtent nos sentiments – déclenche la projection du film sur notre écran de télévision. Nous passons une grande partie de notre temps à regarder des films qui nous détruisent. Pour notre bien-être, il est important de savoir comment les arrêter.
Les textes traditionnels décrivent la conscience comme un champ, une parcelle de terre où l’on peut planter toutes sortes de graines – des graines de souffrance, de bonheur, de joie, de tristesse, de peur, de colère, d’espoir… La conscience enfouie est également décrite comme un entrepôt contenant toutes nos graines. Or, la qualité de notre vie dépend de la qualité des graines entreposées dans notre conscience enfouie.
Peut-être avons nous pris l’habitude de manifester dans notre conscience immédiate des graines de colère, de tristesse et de peur, et de rarement laisser germer les graines de bonheur et de paix".

Thich Nhat Hanh, « La sérénité de l’instant, vivre en pleine conscience », Marabout n°3655, 2011, p. 30-31

Courage et sollicitude

"La sollicitude envers les autres est un acte de courage. Être renfermé sur soi, avec son « moi », apporte peur et anxiété. Il en découle un sentiment d’insécurité, un mal-être dans un corps vulnérable aux incidents de santé. Or, se plonger profondément dans la pratique de l’altruisme donne du courage. La peur recule. Le stress intérieur diminue, avec des répercussions positives sur la tension sanguine : un bien-être général s’installe. 
Récemment, j’ai assisté à une rencontre scientifique à New York. Un médecin a signalé que les individus qui usent fréquemment du pronom « je » souffrent de maux cardiaques. Il n’a pas étayé son propos, mais il me semble que l’emploi excessif de « je » centre la personne sur elle-même et limite ainsi ses perspectives. Elle se replie intérieurement. Une situation peu favorable pour un cœur sain. Or, avoir de l’empathie pour les autres est essentiel. Cela procure une large ouverture d’esprit qui modifie complètement nos perspectives. Si j’étais médecin, je prescrirais probablement à mes patients : « Soyez altruiste pour aller mieux ! » 
Nous appartenons à ce monde et, chacun, nous avons des opportunités pour aider les autres. Par exemple, des marques de sollicitude envers ceux qui partagent votre vie professionnelle auront des conséquences. Car, même s’ils ne sont qu’une dizaine, l’ambiance générale sera plus agréable avec moins de dissensions. Imaginons qu’à leur tour, ils agissent de la même manière avec leurs partenaires. Les effets seront progressifs, mais finalement ils auront une action transformative. Voilà comment changer le monde".
Dalaï-lama, "Cheminer vers l'éveil", Éditions Plon, Points Sagesse 2009, p. 192-193

Le sens de la religion

"En langue tibétaine, "religion" se dit "chö", qui signifie adapter, se perfectionner, progresser".

Dalaï-lama, "Cheminer vers l'éveil", Éditions Plon, Points Sagesse 2009, p. 31

Mantra tibétain "OM MA NI PADME HOUNG"